Mon récit d'accouchement - Partie 2: Mon accouchement
H - 19
Nous voilà installés en salle d'accouchement. Je glisse à Lukas "Elle est vraiment gentille la sage femme. Je serais contente si c'est elle qui m'accouche." Il me répond que c'est bientôt la fin de son shift. Dommage ... - petit spoil mais il se trouve que c'est bien Meike qui va m'accoucher seulement pas dans 2 heures mais dans 19 ...
Bref on installe notre bazard. Meike se moque gentiment de la montagne de snacks (qui ne me servira à rien), de mon sac de choses à faire pour m'occuper (qui ne me serviront à rien non plus). Elle me propose un lavement. Franchement pourquoi pas. Je suis constipée depuis 3 jours. Elle m'explique aussi que ça peut relancer les contractions. J'enfile la super blouse fesse à l'air et Meike me pose la poche. Ecoutez moi bien. Les lavements c'est absolument sous côté. Vraiment je vous épargne les blagues potaches. C'est simple, efficace, ça soulage et ... ça fait effectivement repartir mes contractions. Je suis trop contente. Je jubile même. On me pose la perf d'ocytocine, on tamise les lumières et c'est parti. Je me mets devant La route d'El Dorado et je me suspends à l'étoffe fixée au plafond. Mon dos me fait mal. Les contractions apparaissent au monito. Elles sont indolores. Enfin je pense qu'ells le sont parce que j'attends de la douleur à l'abdomen. Meike me dit alors "Je pense que tu fais partie des femmes qui ressentent les contractions dans le dos". C'est alors que je repense à mes règles et à mes "problème de dos" et je constate qu'en effet cela coïncide. C'est pas mon dos qui est tout cassé. C'est mes contractions qui sont en faite localisées dans le dos.
H - 16
Meike vient nous dire au revoir et nous présente la deuxième sage femme qui me prendra en charge. Je n'ai pas retenu son prénom. Je lui dis que je ne ressens pas vraiment les contractions du moins je suis super chill. Elle me propose un touché vaginal pour voir où on en est. Au dernières nouvelles j'étais à 3. Douche froide, je le suis toujours. Les contractions ne sont pas assez puissantes et je m'en doutais. Elle me propose très vite de percer la poche des eaux. Je sais ce que potentiellement cela veut dire. Je redemande pour la péri "L'anesthésiste est bien là ce soir ? Est ce que le service est en rush ?" Je veux savoir si je pose la péri avant ou pas. Bon puis finalement je me décide. Ok on perce. Très vite le combo ocytocine + poche des eaux percée fonctionne. Je ressens une contraction fulgurante sur tout le pourtour de mon ventre et de mon dos. J'appelle. Je demande "Ok je veux la péri, maintenant". Ça tombe bien l'anesthésiste est là et en plus il parle français. On fait le point ensemble. Il a quelques questions. Il me refait le topo sur les risques. Il me demande solanellement si c'est bien mon intention de prendre la péri. Oui. On installe le champ. C'est impressionnant mais je lui fais confiance. Au moment de me poser le cathéter, je ressens une decharge dans la cuisse gauche. Comme si une main pleine de longs doigts crochus me saisissait d'un coup. Je pousse un cri de surprise. L'anesthésiste me rassure. "Ne vous inquietez pas. Ça arrive c'est le ... " Je le coupe. "le nerf. Je comprends. Ça m'a juste surprise". En tout, il aura fallut une vingtaine de minute. Je suis contente. La dose test fait effet. Il passe à la dose normal. Je sens que ça se calme. L'ocytocine a de toute façon été mise sur pause. Mon mal de dos disparait.
La nuit
Très vite je perds la notion des heures. Je tente de dormir mais je n'arrive pas à lacher prise. Le coeur de ma fille me tient éveillée. Elle réagit bien aux contractions qui s'enchaînent. Et puis dans la nuit, j'ai de plus en plus mal au dos. La position de côté, la meilleure pour favoriser la dilatation en mode repos me fait souffrir de plus en plus. J'augmente la dose de la péri mais ça ne fonctionne pas. Le mal de dos est toujours là et il s'intensifie. Ce ne qu'après coup que je comprendrais que ce mal de dos est bien entendu le résultat des contractions qui irradient. Pour le moment je ne les sens pas, je ne sens que cette radiation de douleur. On me fera un TV probablement vers la fin de la nuit. Dilatté à 4-5. Grand dieu, ça ne bouge pas très vite.
Au petit matin
La salle d'accouchement commence a baigner dans la clarté de l'aurore. La troisième sage femme entre. Elle est belle. Elle me parle en allemand. Je lui demande si l'anglais est possible. Elle me répond dans un français parfait et agrémenté d'un accent subsaharien "Je parle français si vous voulez". Je n'ai pas son nom non plus. Mais cette femme a été mon ange pendant ces heures de travail actif et douloureux. Merci à elle.
Les contractions arrivent. Elles sont localisées dans le dos (évidemment). Elles viennent par vague. Je refuse de me noyer et commence à faire des intonations graves et vibrantes. Ça marche bien. Je me sens nauséeuse par contre. Lukas me fait manger un biscuit. À la première bouchée, je rends tout et en même temps, je perds les eaux. La poche avait été percées quelques heures auparavant mais aucun liquide n'en était sorti. Foutu liquide. Je pense que je reste quelques heures avec cette nausée incapable de manger ou de boire quoi que ce soit sans automatiquement rendre. On me pose finalement une perf pour aider. On met l'ocytocine sur pause. Les contractions s'arrêtent et la nausée aussi.
Je suis épuisée. Voilà plus de 12h que je suis ici. Je ne dors pas, je souffre du dos. Je tombe dans une phase de désespoir profond. Je me confis à la sage femme. Elle me caresse le bas du dos. Sa main est douce. "Je ne vais pas y arriver. Je ne pourrais pas continuer." - "Votre bébé va bien. Et vous aussi mise à part la fatigue. Ne pensez pas à la durée. Pensez à votre bébé. Vous faites ça pour elle". On laisse l'ocytocine sur pause. Lukas va me chercher des boules quies et je dors quelques minutes. Ce micro sommeil me rebooste. On m'accompagne aux toilettes. Assise sur le trône, porte ouverte évidemment je lance mes instructions : "Ok. On relance l'ocytocine. Lukas je te veux en coach sportif ! On va le sortir ce putain de bébé. On va le faire."
Les contractions reprennent. Je chante. Je décide aussi de ne plus subir cette position sur le côté. Je me mets à genou sur le lit cramponné à la barre. C'est beaucoup mieux. J'ondule mon bassin. On ouvre la fenêtre pour que je puisse respirer un peu d'air frais. Anecdote: n'importe qui passant dans la court intérieure avait une vue imprenable sur mon cul. Je fais des blagues entre chaque contractions. Je raconte ma vie, je parle à mon bébé. Je reprends la main et c'est un succès. Mon col se dilate de plus en plus.
À un moment je sens quelque chose descendre au niveau de bassin. Je comprends que c'est ma fille qui a démarré sa descente finale. La nouvelle me fait partir en crise de folie. Je suis surexcitée. L'échographiste arrive pour vérifier la position du bébé. Tout est ok. On rigole parce que dans cette salle, on parle allemand, anglais et français. Je me lance même en portugais entre deux contractions et vocalises.
Malheureusement, le shift de ma sage femme prend fin. Elle est triste de ne pas pouvoir voir le bébé mais elle m'assure que ça devrait arriver dans les prochaines heures. Je suis épuisée. Sa remplaçante entre. C'est Meike. Elle arrive au moment où je commence à sentir pousser dans les fesses. Ok les choses sérieuses arrivent. On m'allonge sur le lit. Je suis dilatée totalement et elle peut sentir les cheveux. On y presque. Viens mon bébé, viens voir Maman. On fait des exercices de poussé puis Meike prend les choses en main. "Ok. On va guider ton bébé. Je vais te montrer où pousser. On fera un côté et de l'autre. Je te guide. Ne crie pas lors des poussées. Concentres toute ton énergie sur la pression". Je m'endors entre chaque contractions. Je me réveille dès qu'elles arrivent. "Contractions" Je pousse.
"Marie. Je vois que le bébé est un peu en stress. Je vais appeler ma cheffe (la gynécologue). Ça va encore mais je pense qu'il ne faut pas traîner."
La gynécologue entre. Je la connais déjà. C'est une des gynéco qui m'a injecté la prostaglandine la veille. Elles sont toutes les deux sur le lit à genou penchées sur moi. Il faut sortir le bébé rapidement. J'attrape les mains de la gynécologue, me mets en traction et pousse comme jamais. Je n'ai pas peur. Je n'ai plus l'énergie pour. Meike me fait toucher le haut de la tête. Mon dieu elle est là.
La gynécologue me regarde dans les yeux. Elle me dit: "on essait encore une fois. Il faut que la tête sorte maintenant. Si elle ne sort pas, je propose de vous faire une petite épisiotomie transversale. Vous êtes d'accord ?" Je suis d'accord. La contraction arrive. Je pousse. La tête sort. La suivante arrive. Je pousse le reste du corps est expulsé. Je reçois ma princesse sur le ventre. Elle est chaude et gluante. Je pleure de joie. Il est 15h39.